Les attitudes optimistes peuvent-elles motiver un comportement de protection contre le COVID-19 ?
Une nouvelle étude basée sur les données de SHARE-COVID examine comment les perceptions de la menace et les attitudes optimistes sont associées à la motivation à adopter un comportement protecteur dans la population des 50 ans et plus pendant la crise du COVID-19.
(Juillet 2021) La pandémie de COVID-19 a obligé les populations du monde entier à s'adapter à des situations et des règles en constante évolution. Les mesures de contrôle mises en œuvre pour réduire les taux d'infection ont entraîné différents effets secondaires économiques, sociaux et sanitaires. Les personnes âgées et les autres groupes vulnérables sont particulièrement touchés par les conséquences de la pandémie. Pour étudier comment les sentiments et les comportements des personnes âgées de plus de 50 ans ont été influencés par la pandémie et comment les individus diffèrent en termes de motivation à adopter les comportements de protection recommandés au niveau national, deux chercheurs du Munich Center for the Economics of Aging (MEA) ont analysé les données de l'enquête sur la santé, le vieillissement et la retraite en Europe (SHARE). Les chercheurs se sont concentrés sur le rôle de la peur du virus en tant que menace concrète pour la santé et sur les attitudes optimistes en ce qui concerne l'intention des répondants d'adopter un comportement préventif. Bien que la peur et l'optimisme semblent se contredire, les auteurs constatent que ces deux indicateurs sont des motivations tout aussi fortes pour adopter un comportement de prévention.
Analyse transnationale des comportements à risque pendant la pandémie
Les auteurs concentrent leur recherche sur la relation entre la perception de la menace par les individus en ce qui concerne la perception de la gravité du virus, leur vulnérabilité et leurs sentiments de peur, ainsi que leur capacité à faire face à la menace, comme le montrent les déclarations exprimant de l'optimisme et de l'espoir. Les chercheurs ont analysé les données de la première enquête SHARE-COVID (2020) et ont mesuré les comportements de prévention de plus de 38 500 citoyens européens âgés de plus de 50 ans, deux à trois mois après les premiers confinements. En se concentrant sur 25 pays européens plus Israël, l'étude fournit une perspective transnationale sur les différentes motivations à adopter un comportement de protection recommandé au niveau national. Les données de l'Oxford COVID-19 Government Response Tracker ont été incluses pour obtenir des informations sur la propagation du virus et les stratégies d'atténuation gouvernementales.
La peur et l'optimisme comme principaux facteurs de motivation pour un comportement préventif
En général, les personnes âgées ont fait preuve d'optimisme, plus de 80 % d'entre elles déclarant avoir une vision optimiste de l'avenir. Néanmoins, plus d'un répondant sur cinq a déclaré se sentir plus anxieux qu'avant la pandémie. Le fait de se sentir plus anxieux qu'avant la pandémie et la peur de l'infection sont les principales motivations pour adopter un comportement préventif et peuvent être observés en particulier dans les pays où le taux de mortalité lié au COVID-19 est faible, comme l'Estonie, la Finlande ou la Lettonie. Il est intéressant de noter qu'une attitude optimiste vis-à-vis de l'avenir présente une association tout aussi forte avec le comportement préventif et constitue le principal facteur de motivation dans des pays comme la France ou la Suède. Ces pays affichent également des niveaux élevés de confiance dans leurs systèmes de soins de santé. Sur la base de ces résultats, on peut supposer que le sentiment de peur et l'attitude optimiste varient en fonction de facteurs propres à chaque pays, tels que la mortalité liée au COVID-19 et la confiance dans le système de soins de santé.
Environ 15 % des citoyens européens âgés sont restés chez eux au cours des premiers mois de la pandémie
En outre, les résultats montrent qu'au total, environ 15 % des Européens âgés sont restés complètement chez eux au cours des premiers mois qui ont suivi l'épidémie - en particulier les personnes âgées, celles qui présentaient déjà des problèmes de santé et celles qui vivaient dans des pays où les mesures de contrôle étaient strictes. Les personnes qui peuvent être perçues comme plus vulnérables en raison de leur âge avancé ou de leur état de santé étaient plus susceptibles de rester chez elles et de se protéger. Les taux de maintien à domicile varient fortement selon les pays. Alors qu'au moins 30 % des personnes interrogées à Chypre et en Italie sont restées complètement à la maison au cours du premier mois suivant l'apparition de la pandémie, des pays comme le Danemark, la Suède et l'Allemagne affichent des taux faibles d'environ 5 %. Au total, les individus ont montré un engagement élevé dans les comportements de prévention recommandés, conformément aux stratégies de contrôle gouvernementales, même si les taux d'infection et le risque d'exposition étaient faibles au cours des mois d'été suivant la première vague.
Paradigme psychométrique et hypothèse de la motivation de protection comme explications théoriques
D'après les résultats, la peur et l'optimisme sont les principaux moteurs du comportement de prévention, ce qui semble contradictoire à première vue, mais peut être expliqué par le paradigme psychométrique et la théorie de la motivation de la prévention. Percevoir le virus comme une menace concrète pour la santé est donc l'une des principales motivations des personnes âgées et vulnérables à adopter un comportement protecteur. Il est intéressant de noter qu'il en va de même pour les attitudes optimistes qui peuvent être considérées comme un indicateur des stratégies d'adaptation individuelles pour faire face à la menace. Les personnes qui croient en l'efficacité du gouvernement et/ou de leurs propres stratégies d'adaptation pourraient être plus enclines à se protéger.
Cette étude sur la perception de la menace et la prévention offre une perspective transnationale sur la réponse à court et moyen terme des individus face à la menace du virus et aux mesures de contrôle gouvernementales, basée sur les sentiments et le comportement. L'évaluation du rôle de la peur et des attitudes optimistes peut aider à contrebalancer la peur en tant que facteur unique de motivation. Selon les auteurs, la recherche dans ce domaine est d'une grande importance pour surmonter la "fatigue de la pandémie" et pour maintenir la participation de la population aux mesures de protection.
Étude réalisée par Gregor Sand et Johanna Bristle (2021). The Relationship of Threat Perceptions and Optimistic Attitude with Protective Behavior in the COVID-19 Crisis. SHARE Working Paper Series 64-2021 DOI: 10.17617/2.3309027
URL: http://www.share-project.org/share-publications/share-working-paper-series.html
Cet article a été traduit de l'anglais au français. Cliquez ICI pour le lire en version originale.
Photo : Unsplash / Steve Lieman