 |
 |
 |
 |
 |
|---|
 |
 |
 |
 |
 |
|---|
 |
 |
 |
 |
 |
|---|
 |
 |
 |
 |
 |
|---|
 |
 |
 |
 |
|
|---|
La force de préhension est-elle un indicateur de la dépression ?
Une étude basée sur l’enquête SHARE révèle que les personnes âgées de plus de 50 ans ayant une force dé préhension plus élevée ont une probabilité nettement plus faible de souffrir de dépression.
En bref :
(Décembre 2021)
La dépression est un grave problème de santé mentale qui entraîne des répercussions négatives sur la santé générale des individus. Bien qu’elle représente un lourd fardeau pour les personnes concernées, la dépression reste souvent sous-diagnostiquée et mal traitée. Le diagnostic de la dépression est un processus complexe. Il pourrait donc être utile de trouver un moyen simple de dépister les symptômes de dépression. Comme il est déjà prouvé que l’activité physique et la force musculaire ont un impact positif global sur la dépression, la question se pose de savoir si des mesures physiques, telles que celui de la force de préhension, pourraient être utilisées comme outils de dépistage de la dépression. C’est avec ceci en tête que l’équipe de chercheurs ont utilisé les données SHARE pour définir des seuils de force de préhension (ou de faiblesse musculaire) qui seraient indicatifs de la dépression, par sexe et par âge.
Explorer la force de préhension comme indicateur de la dépression chez les européens de plus de 50 ans grâce aux données SHARE
Pour évaluer le lien entre la force de préhension et la dépression, les chercheurs ont analysé les données de plus de 20 500 répondants âgés de 50 ans et plus provenant des vagues 4 (2010-2011) et 6 (2014-2015), de 14 pays européens (Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Estonie, France, Italie, Pologne, Portugal, Slovénie, Suède, Suisse et Tchéquie). Les auteurs se sont concentrés sur les groupes d’âge 50-64 ans et plus de 65 ans, car ces personnes sont particulièrement à risque de développer des symptômes de dépression.
Les symptômes de dépression et la force de préhension ont été mesurés en 2011 et quatre ans plus tard. L’échelle EURO-D est une batterie de questions posées dans SHARE, qui permettent d’évaluer la prévalence de la dépression par des scores compris entre 0 et 12, ce dernier correspondant au plus haut niveau de dépression. Une dépression cliniquement significative peut être définie comme un score EURO-D supérieur à 4. De l’autre côté, la force de préhension est un indicateur de la santé globale et de la force musculaire. Elle est mesurée par le biais d’un dynamomètre que le répondant SHARE presse aussi fort que possible avec la main. Avec ces deux informations, il convient alors d’identifier le seuil spécifique de faiblesse musculaire, susceptible d’entraîner des symptômes de dépression.
Des seuils différents pour indiquer la présence d’une dépression, selon le sexe et l’âge
Les chercheurs ont différencié le sexe et deux classes d’âge (50-64 et plus de 65 ans) car la force de préhension varie fortement entre ces groupes. Globalement, les résultats montrent que plus de femmes (29,6%) que d’hommes (16,5%) présentaient des symptômes de dépression avec des scores supérieur à 4. La force de préhension moyenne des hommes était de 44,6kg et celle des femmes de 27,9k. Des seuils de faiblesse musculaire ont été déterminés : 43,5kg pour les hommes et 29,5kg pour les femmes entre 50 et 64 ans, et 39,5kg pour les hommes et 22,5kg pour les femmes passé 65 ans. Ces valeurs ont été associées à la probabilité de présenter des symptômes de dépression aujourd’hui et quatre ans plus tard.
Les personnes dont la force de préhension se situe au-dessus des seuils ont une probabilité significativement plus faible de présenter des symptômes de dépression
Pour les individus se situant au-dessus de ces seuils, la probabilité de présenter des symptômes de dépression est moindre : les hommes entre 50-64 ans et de plus de 65 ans étaient moins susceptibles de souffrir de dépression en 2011 de respectivement 25% et 29%, et de respectivement 24% et 16% quatre ans plus tard. Les femmes entre 50 et 64 ans et de plus de 65 ans au-dessus des valeurs seuils étaient respectivement 32% et 20% moins susceptibles en 2011 et respectivement 44% et 31% moins susceptibles en 2015 d’être en dépression.
Une faible force de préhension peut être un indicateur d’un risque de dépression
Les auteurs soulignent qu’au regard de ce lien entre force de préhension et dépression, ces résultats constituent une connaissance importante pour considérer des valeurs faibles de force de préhension comme un risque de dépression. Cependant, l’évaluation de la force de préhension ne suffit pas à identifier la dépression, mais pourrait être utile comme première étape de dépistage pour identifier les personnes à risque et leur fournir des soins.
Évaluer la dépression tant que priorité des systèmes de santé publique
En guise de conclusion, l’étude montre que la force de préhension devrait être intégrée comme indicateur et outil de dépistage de la dépression. Selon les auteurs, les professionnels de la santé devraient être attentifs à la possibilité d’une dépression chez les patients dont la force de préhension est inférieure aux valeurs seuils. Néanmoins, un diagnostic plus approfondi est nécessaire pour identifier la dépression. Les auteurs suggèrent que la recherche, le diagnostic et le traitement de la dépression en tant que santé mentale devraient être une priorité des systèmes de santé publique.
La dépression est un trouble mental complexe qui nécessite une détection précoce et des processus de dépistage individualisés. La force de préhension est un indicateur global de la force musculaire et de la santé mentale. Par conséquent, la mesure de la force de préhension pourrait être une méthode facile et peu coûteuse dans le processus de diagnostic afin d’identifier les personnes à risque et d’éviter les conséquences négatives sur la santé.
Étude réalisée par Adilson Marques, Duarte Henriques Neto, Miguel Peralta, Priscila Marconcin, Élvio R. Gouveia, Gerson Ferrari, João Martins et Andreas Ihle (2021). Exploring grip strength as a predictor of depression in middle aged and older adults. Scientific Reports 11. DOI: 10.1038/s41598-021-95566-7.
URL: https://doi.org/10.1038/s41598-021-95566-7
Cet article a été traduit de l'anglais au français. Cliquez ICI pour le lire en version originale.
Photo : Unsplash / Kelly Sikkema